Tribune d’Oxfam publiée dans Ouest-France
Aujourd’hui, nous célébrons une révolution. Il y a quatre-vingts ans, pour la première fois dans l’histoire de France, les femmes votaient à une élection. Après des décennies de combats menés par des figures de proue telles qu’Olympe de Gouges et Hubertine Auclert, les femmes sortaient du statut de « citoyennes passives » dans lequel les hommes les avaient enfermées, pour devenir enfin électrices et éligibles.
Quatre-vingts ans plus tard, beaucoup de chemin a été parcouru, et nous pensons à toutes celles qui ont ouvert la voie. Depuis 1999, l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives est inscrit dans notre Constitution. Mais le compte n’y est pas. Les lois sur la parité ont, certes, accéléré la féminisation du pouvoir, mais elles ne permettent pas d’atteindre la parité, notamment à la tête des exécutifs.
Il faut souligner les progrès, comme un gouvernement strictement paritaire et une femme présidente de l’une des deux chambres du Parlement. Mais ce n’est pas suffisant. Le Parlement est encore composé aux deux tiers d’hommes, les femmes représentent seulement 20,8 % des maires, 21,8 % des présidences de département et 29,4 % des présidences de région. Pire : le nombre de femmes députées a baissé aux dernières élections, et il n’y a plus de femmes nommées aux postes régaliens.
Si les règles du jeu ne suffisent pas, il faut les renforcer. Le Haut conseil à l’égalité avait appelé dès 2022 à un acte II de la parité et a formulé des recommandations concrètes qui doivent être étudiées, telles que la modification de nos modes de scrutin, la responsabilisation des partis politiques, le renforcement des sanctions et une meilleure compatibilité entre engagement politique, vie personnelle et vie familiale.
En tant que femmes politiques et anciennes élues, nous savons que le pouvoir reste encore trop un milieu d’hommes, où les femmes sont largement exposées au sexisme et aux violences. Nous savons aussi qu’une femme qui a du pouvoir et de l’ambition ne sera jamais jugée comme un homme. Et enfin, nous savons ce que la politique a pu coûter à nos vies personnelles et familiales. Nous, femmes politiques et anciennes élues de tous bords, ne pensons pas que la parité arrivera par miracle. C’est pourquoi, en ce jour où nous célébrons le premier vote des femmes, nous reprenons à notre compte l’appel du Haut conseil à l’égalité, et demandons au gouvernement de s’engager en faveur d’un acte II de la parité.
- Martine Aubry (ancienne maire de Lille et ancienne ministre).
- Nathalie Appéré (maire de Rennes).
- Clémentine Autain (députée).
- Jeanne Barseghian (maire de Strasbourg).
- Cyrielle Chatelain (députée et présidente du groupe écologiste et social à l’Assemblée).
- Carole Delga (présidente de la région Occitanie).
- Cécile Duflot (directrice générale d’Oxfam France, ancienne ministre).
- Marie-Charlotte Garin (députée).
- Élisabeth Guigou (ancienne ministre).
- Anne Hidalgo (maire de Paris).
- Eva Joly (ancienne eurodéputée).
- Sandrine Josso (députée).
- Élisabeth Moreno (ancienne ministre).
- Léonore Moncond’huy (maire de Poitiers).
- Marie-Pierre Rixain (députée).
- Johanna Rolland (maire de Nantes, présidente de Nantes métropole et présidente de France Urbaine).
- Laurence Rossignol (sénatrice).
- Ségolène Royal (ancienne ministre).
- Christiane Taubira (ancienne ministre).
- Marine Tondelier (secrétaire nationale des Écologistes).
- Najat Vallaud-Belkacem (ancienne ministre, présidente de France Terre d’asile).
- Anne Vignot (maire de Besançon).
- Mélanie Vogel (sénatrice).