Par Nils Schmid, Député SPD, porte-parole du groupe parlementaire SPD pour la politique étrangère
Dimanche 23 février, les Allemands éliront un nouveau Parlement après l’échec de la coalition « tricolore » formée en 2021 par les sociaux-démocrates du SPD, les écologistes et les libéraux-centristes autour du chancelier sortant Olaf Scholz (SPD). Face à la montée des populistes et à la récession, le pays doit retrouver une stabilité politique et se donner des capacités d’investissements.
Économie en perte de vitesse, suppression de milliers d’emplois industriels, sentiment d’insécurité largement répandu : dans cette morosité ambiante, les débats de la campagne des élections législatives anticipées n’ont pas abouti à des promesses réjouissantes pour l’avenir.
Des attentats ont installé une atmosphère délétère qui a réduit le débat électoral à la question migratoire.
Pourtant, le bilan de la coalition tricolore est plutôt positif : modernisation de l’appareil productif, poussée des énergies renouvelables, avancées sociales et sociétales, notamment le nouveau code de la nationalité qui facilite la naturalisation et accepte la double nationalité. L’alliance a réussi à surmonter l’immobilisme des dernières années Merkel. Mais ces succès ont été éclipsés par la décomposition de la coalition en novembre. Impardonnable aux yeux de nombreux citoyens, cette faute imputée à Olaf Scholtz a plombé la campagne du SPD et donne un grand avantage à la droite démocrate chrétienne (CDU-CSU) qui gravite autour de 28% dans les sondages.
Trois des quatre partis de gouvernement sont démonétisés par l’échec du gouvernement sortant et la CDU ne capte qu’en partie le vote protestataire : on peut ainsi s’attendre à une forte poussée de l’extrême droite, l’AfD étant créditée de 20% dans les sondages et donc en mesure de devenir la deuxième force politique du pays devant le SPD (17 %).
En plus, en pleine campagne électorale, la CDU a voté avec l’extrême droite pour la première fois depuis 1945 brisant ainsi le cordon sanitaire jusqu’alors solidement ancré dans la vie politique allemande. Faute morale, bien sûr, mais aussi grave erreur politique, puisque le leader de la CDU, Friedrich Merz, laisse entrevoir la possibilité d’une coopération plus continue avec l’extrême droite. Même s’il le dément catégoriquement, cette manœuvre compliquera sa tâche pour former éventuellement une coalition avec le SPD ou les Verts, désormais très méfiants à son égard.
Quel que soit le résultat final des élections, la pente sera raide pour le prochain gouvernement. Il devra d’abord regagner la confiance des citoyens qui attendent des réponses à leurs problèmes du quotidien : logement abordable, retour de la croissance économique, durcissement des règles d’entrée pour lutter contre l’immigration irrégulière, augmentation des dépenses militaires, investissements dans les infrastructures et l’innovation… Pour relever ces défis, l’Allemagne doit impérativement réformer le fameux frein à la dette et permettre un endettement légèrement plus élevé. Mais avant tout, elle doit retrouver la stabilité politique. Il en va de la crédibilité de ses institutions républicaines face à la montée des populismes de droite et aussi de gauche.
A juste titre, nos partenaires européens espèrent une nouvelle coalition qui agisse vite et de manière déterminée.
Nils SCHMID