Témoignages

3 questions à… Guillaume Garot, député : « On n’a pas tout essayé contre les déserts médicaux »

Publié le 11 avril 2025
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Auteur d’une proposition de loi sur les déserts médicaux, le député socialiste de la Mayenne, Guillaume Garot, s’est rendu à Montpellier puis dans le Gard en Occitanie, où la Région a pris à bras le corps la question de l’accès aux soins. La majorité de Carole Delga a ainsi créé le Groupement d’intérêt public « Ma santé Ma Région » qui a recruté 100 médecins salariés dans des centres de santé. Quelque 300 000 consultations ont été réalisées depuis juillet 2022 et les 15M€ mobilisés pour créer, rénover et soutenir les médecins libéraux dans les territoires. Le député décrypte les enjeux qui ont motivé la proposition de loi transpartisane qu’il a portée

Pourquoi avoir pris l’initiative d’une proposition de loi sur l’accès aux soins?

Nous sommes face à une question majeure prioritaire pour les Français ! Aujourd’hui, en France, 1,6 millions de personnes renoncent à se soigner. Il faut parfois attendre plusieurs semaines, dans nos territoires ruraux ou dans les quartiers populaires, pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste.

Quelque 6 millions de nos compatriotes sont sans médecins et 8 millions vivent dans un désert médical au lieu de 3 millions en 2018. Cela nourrit une grande détresse pour soi-même, ses enfants, ses parents. Et cette situation provoque un sentiment d’injustice profond sur l’inégal accès aux soins. Le sentiment d’abandon s’étend et s’avère dangereux pour le Pacte Républicain. Mais avec d’autres, je suis convaincu que nous pouvons changer les choses. J’ai donc décidé de m’engager avec détermination dans ce combat.

Le travail qui est mené en région Occitanie, sous l’impulsion de Carole Delga, c’est une politique cohérente, volontariste et efficace.
Guillaume Garot, député de la Mayenne

Des médecins et des étudiants en médecine sont réticents sur les obligations pour l’installation des jeunes médecins en zones tendues qui figurent dans la proposition de loi. Comment les rassurer ?

Notre proposition de loi est transpartisane et elle a rassemblé 255 députés de gauche, du centre et de la droite. Nous avons auditionné des dizaines de personnes et les syndicats de médecins et les représentants des internes ont été consultés. J’entends les réserves mais nous sommes dans une dynamique de dialogue constant. Notre idée est finalement assez simple. Nous voulons faire passer le message aux jeunes médecins de ne pas aller là où leurs confrères sont déjà suffisamment nombreux mais bien dans les territoires où les patients les attendent. La régulation n’est pas une solution magique mais c’est le levier indispensable. J’espère que ce dispositif sera voté et constituera un accélérateur pour les régions. Il faut avancer les coudes serrés. C’est une mission d’intérêt général.

L’Etat doit-il confier plus d’autonomie aux territoire pour qu’ils puissent apporter des réponses concrètes comme le fait la Région Occitanie avec son dispositif «  Ma santé ma Région » ?

Le travail qui est mené en région Occitanie, sous l’impulsion de Carole Delga, c’est une politique cohérente, volontariste et efficace. Surtout elle produit des résultats avec 300 000 consultations réalisées depuis juillet 2022. J’espère que la réussite du dispositif mis en place en Occitanie fera école dans d’autres territoires. C’est très inspirant. On peut agir avec audace, imagination et expérimentation. Il faut que les règles évoluent car on n’a pas tout essayé contre les déserts médicaux.