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En Italie, l’observatoire de l’autoritarisme vigie de la démocratie

Publié le 18 avril 2025
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L’autoritarisme s’installe lentement, s’insinue progressivement, ronge les marges du débat, détourne les mots et les centres de gravité, et au final, affaiblit les institutions sans en faire tomber les murs. Pour lui faire face, il faut voir, comprendre, nommer, relier. C’est pour cela qu’un collectif italien vient de lancer un Observatoire de l’autoritarisme.

L’autoritarisme contemporain a troqué l’uniforme contre le costume, le fracas contre l’usure. Il procède par effacement : des mots, des droits, des contre-pouvoirs. Pas de sirènes bruyantes, de moins en moins de ruptures nettes, et rarement de drapeaux tombés d’un seul coup. Une démocratie ne meurt pas, elle s’éteint, lentement, à bas bruit.

En Italie, comme dans d’autres pays, les signes sont là. Médias regroupés, normalisés, juges discrédités, chercheurs ciblés… Et surtout, un récit national réécrit à coups de nostalgie identitaire, avec, toujours, un discours d’efficacité, un accent sur le besoin d’ordre, (l’ordre aurait disparu ?) et une impatience exacerbée envers la lenteur démocratique.

Face à cette insidieuse pénétration de notre société, certains font le choix du combat et le pari de l’intelligence commune. Ainsi, un collectif italien, réunissant universitaires, journalistes, éditeurs et citoyens, vient de créer l’«  Observatoire de l’autoritarisme ». Conçu, non pas pour être un refuge militant ou un geste d’opposition, mais davantage comme un outil de veille, un espace d’analyse et de mémoire, et plus largement, un témoin actif de notre démocratie. Il se veut comme un lieu pour constater, comprendre et voir venir, sans attendre qu’il ne soit trop tard.

Car résister, ce n’est pas seulement s’opposer frontalement. Cela peut commencer par regarder les choses en face, comprendre, de la manière la plus objective possible, ce qui se joue sous nos yeux, et refuser de s’y habituer. Le risque n’est pas seulement politique, il est aussi moral. C’est le risque du renoncement tranquille ou indifférent, de l’acceptation lente.

Moins de débat, plus de verticalité, moins de pluralisme, plus de contrôle, moins de droit, plus de volonté personnelle… Pour prévenir ce basculement, encore faut-il pouvoir le voir et le nommer.

Ce que documentera cet Observatoire, ce ne sont pas des intentions, mais des transformations. Des réformes qui déplacent les équilibres, des décisions qui contournent les institutions, des discours qui vident les mots de leur sens ou en banalisent d’autres…C’est l’architecture de l’autoritarisme moderne : un  travail de sape qui ne touche pas d’abord aux lois, mais aux usages.

Cet effort italien fait écho à d’autres. En France, en Europe centrale, en Amérique latine, des observatoires naissent pour suivre la régression des libertés dans toutes les sphères de la société. Car partout, le danger guette.

Ce qui est en jeu n’est pas une alternance politique ordinaire, mais un changement de culture démocratique. Moins de débat, plus de verticalité, moins de pluralisme, plus de contrôle, moins de droit, plus de volonté personnelle… Pour prévenir ce basculement, encore faut-il pouvoir le voir et le nommer.

Dans ce combat, les institutions doivent nous protéger, mais l’Histoire a montré que, parfois, elles ne suffisent pas. Il faut des sentinelles : des lieux d’observation, de pensée, de transmission, rassemblant des personnes engagées pour la liberté et le progrès. L’Observatoire italien est de ceux-là. Il rappelle une vérité simple : la démocratie n’est pas un décor. C’est un équilibre vivant, fragile, exigeant, qui ne tient que par celles et ceux qui refusent de le voir s’effondrer pierre après pierre.

 

L’équipe de la République en Commun