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Droits LGBTQIA+ : une alerte pour tous les européens

Publié le 16 avril 2025
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Hongrie, Pologne, Italie, Slovaquie… Au cœur même de l’Union européenne, les personnes LGBT+ sont la cible d’une offensive réactionnaire sans précédent. Partout en Europe, les violences et discriminations à l’encontre des minorités sexuelles et de genre s’intensifient. Face à cette dérive, l’Union européenne doit agir avec force pour affirmer ses valeurs et défendre sans relâche les droits fondamentaux et universels.

Samedi 12 avril, des milliers de personnes défilaient dans les rues de Budapest pour dénoncer les mesures hostiles aux personnes LGBT+ imposées par le Premier ministre Viktor Orbán et la droite conservatrice hongroise. Dernière en date : le lundi 14 avril, un amendement constitutionnel grave dans la loi fondamentale précise qu’une personne est « soit un homme, soit une femme » et interdit la marche des Fiertés, sous prétexte de « protection des enfants ». Déclarée illégale, la Pride expose désormais ses participants à une amende de 500 euros – soit l’équivalent du salaire minimum en Hongrie – ainsi qu’à une possible identification par reconnaissance faciale.

Si l’obsession anti-LGBT+ de Victor Orbán n’est pas nouvelle, elle semble sans limite depuis le retour à la Maison Blanche de son allié Donald Trump : interdiction de la reconnaissance administrative de la transidentité gravée dans la Constitution, censure de toute «  promotion » de l’homosexualité ou des questions de genre auprès des mineurs, interdiction du mariage pour tous, et désormais, de la Pride. A un an des élections législatives prévues au printemps 2026, Orbán cherche surtout à galvaniser son électorat et courtise l’extrême droite. Une manière de détourner l’attention de son piètre bilan économique et social en désignant une cible.

Derrière cette volonté de mettre fin à la marche des Fiertés, c’est en réalité toute la communauté LGBT+ qu’Orbán cherche à rendre invisible. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme s’est d’ailleurs déclaré «  très inquiet » de l’interdiction de la « Pride » hongroise. Car l’enjeu dépasse la seule question des droits LGBT+ : en interdisant à des citoyens de se réunir pacifiquement au nom de la défense de leurs droits, Viktor Orbán porte gravement atteinte à un pilier même de la démocratie et à l’Etat de droit.

Si Viktor Orbán parvient à interdire la marche des Fiertés en Hongrie, il créerait un dangereux précédent. Laisser faire, c’est ouvrir la voie à une contagion de la haine.

Le cas hongrois n’est malheureusement pas une exception. Cette offensive discriminatoire s’étend au cœur même de l’Union européenne. En Italie, des lois menacent les familles homoparentales. En Pologne, la rhétorique anti-LGBT reste omniprésente. En Slovaquie, un projet de loi hostile aux LGBT+ est en discussion. Partout, les alliés idéologiques de Marine Le Pen testent les limites de ce qu’ils peuvent imposer, inspirés par les méthodes des régimes les plus rétrogrades de la planète. Là où ils gouvernent, les droits des personnes LGBT+ reculent, leurs libertés sont attaquées sous prétexte de lutte contre le «  wokisme », « l’idéologie trans », la « propagande LGBT » ou une prétendue « protection des enfants ».

Dans le même temps, la violence à l’encontre des minorités sexuelles et de genre est au plus haut en Europe. Favorisé par l’offensive réactionnaire, la parole homophobe et transphobe se banalise et gagne du terrain. En Europe, ces personnes sont de plus en plus stigmatisées, humiliées, forcées à l’invisibilité. En France, malgré une reconnaissance de l’homosexualité aujourd’hui largement partagée, les actes hostiles deviennent plus décomplexés, brutaux, et les violences sont en hausse : plus 13% d’actes anti-LGBT+ en 2023 par rapport à 2022[1], plus d’un jeune LGBT+ sur deux déclare avoir déjà subi une agression verbale ou physique en raison de son orientation sexuelle ou identité de genre[2]. Près de 20% des jeunes LGBT+ se sont déjà retrouvés sans domicile[3].

Cette croisade réactionnaire doit nous alerter. Car il ne s’agit pas seulement de défendre les droits les plus élémentaires des personnes LGBT+. Ce qui est en jeu n’est autre que la protection de nos libertés fondamentales, de l’égalité et des droits humains. C’est aussi la préservation de la démocratie et de l’Etat de droit. Si Viktor Orbán parvient à interdire la marche des Fiertés en Hongrie, il créerait un dangereux précédent. Laisser faire, c’est ouvrir la voie à une contagion de la haine.

L’Union européenne ne saurait rester spectatrice sans trahir l’essence même de ses valeurs. L’article 2 du Traité sur l’Union européenne consacre le «  respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’État de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités ». Au nom de ses valeurs, elle doit réagir fermement pour mettre un terme à cette érosion des droits et des libertés.

Le 28 juin prochain, la marche des Fiertés de Budapest célèbrera son trentième anniversaire. Sans Viktor Orbán. Mais avec celles et ceux qui, à travers l’Europe, défendent l’universalité des droits et les libertés fondamentales. Ce même jour, auront lieu les marches de Paris, Dublin, Helsinki, Séville… Faisons de cette journée des Fiertés une grande démonstration de solidarité européenne. Pour toutes celles et tous ceux qui luttent et ne demandent rien d’autre que de s’aimer et d’être libre d’exister, pleinement et fièrement.

 

L’équipe de La République en Commun

 

[1] Info Rapide n°38 – En 2023, augmentation des infractions anti-LGBT enregistrées par les services de sécurité, Ministère de l’Intérieur – 2023

[2] Sondage IFOP – Observatoire LGBT+, 27/06/2018

[3] Observatoire des vulnérabilités queers, Fondation Le Refuge, 2024